rue de Porto
rue de Porto

L’accent de Porto et du Nord du Portugal

Par

Le Portugal est un petit pays de dix millions d’habitants seulement, mais avec plus de 230 millions de lusophones dans le monde, c’est la 6ème langue la plus parlée de la planète. Avec autant de gens, éparpillés aux quatre coins du monde, il est naturel de retrouver une multitude de parlers Portugais différents.


Rien qu’au Portugal, avec une histoire si ancienne, et des régions si différentes malgré sa petite taille, le pays possède des caractéristiques très marquées suivant la zone géographique, avec plusieurs cultures bien marquées. Il existe bon nombre d’accents, tout aussi prononcés qu’en France par exemple, voire plus. L’accent du Nord du pays est l’un des plus célèbres.

Si la ville de Porto, capitale du Nord peut se comparer à Marseille pour le Français, l’accent de Porto est l’équivalent au Portugal de l’accent marseillais. Il y a même la virgule (vous savez, si à Marseille on dit beaucoup plus souvent « put… » qu’ailleurs, à Porto on dit beaucoup plus souvent « caral… » qu’ailleurs).

L’accent pourrait se caractériser par un ajout de voyelles là où il y en a pas vraiment !
Par exemple, le mot « agua », qui veut dire eau. En portugais de Lisbonne, on dit « agoua », grosso modo. En portugais du nord, on va dire « iagoua ». Oui, il y a un I initial. J’aime beaucoup, ça « chante » beaucoup plus, les mots sont plus vivants.

Pronúncia do Norte

Porto est une ville fière. Un des groupes musicaux modernes de la ville, les GNR, ont fait une musique qui pourrait être un hymne pour cette ville. Rui Reininho, le chanteur des GNR chante dessus en collaboration avec Isabel Silvestre, une chanteuse de musique populaire traditionnelle.

Le type de musique qu’Isabel chante n’a rien à voir avec le Fado, qui est un style de musique rattaché à Lisbonne ou Coimbra. Isabel chante un type de musique rattaché avec le Nord, avec une voix haut perchée. En général, les musiques du Nord sont beaucoup plus joyeuses. En général.

La musique que je vous présente ici, « Pronúncia do Norte », des GNR, est sans doute emblématique pour les gens du Nord.

Voici les paroles de la chanson, en Portugais :

Pronúncia do Norte

Há um prenúncio de morte
Lá do fundo de onde eu venho
Os antigos chamam-lhe renho
Novos ricos são má sorte

É a pronúncia do Norte
Os tontos chamam-lhe torpe

Hemisfério fraco outro forte
Meio-dia não sejas triste
A bússula não sei se existe
E o plano talvez aborte

Nem guerra, bairro ou corte
É a pronúncia do Norte

Não tenho barqueiro nem hei-de remar
Procuro caminhos novos para andar
Tolheste os ramos onde pousavam
Da Geada as pérolas as fontes secaram

Corre um rio para o mar
E há um prenúncio de morte

E as teias que vidram nas janelas
esperam um barco parecido com elas
Não tenho barqueiro nem hei-de remar
Procuro caminhos novos para andar

É a pronúncia do Norte
Corre um rio para o mar

On n’entend pas l’accent du nord sur cette musique, Rui Reininho n’ayant pas d’accent (même si il est de Porto). Mais n’allez pas croire que l’accent du nord n’existe plus : beaucoup de jeunes l’ont, particulièrement dans les quartiers populaires. C’est quelque chose qui varie beaucoup, suivant les familles, et même suivant les frères et sœurs : un frère peut avoir un fort accent tandis que l’autre parlera comme un Lisboète. Allez savoir pourquoi. Voici les paroles en Français, traduites par votre serviteur (c’est un enfer à traduire) :

La prononciation du nord

Il y a un présage de mort
là bas du fond d’où je viens
les anciens l’appellent renho
Nouveaux riches sont malchance

C’est la prononciation du Nord
Les idiots, l’appellent répugnant

Hémisphere faible autre fort
Midi ne sois pas triste
La boussole je ne sais pas si elle existe
Et le plan avortera peut-être

Ni guerre, quartier ou Cour
C’est la prononciation du Nord

Je n’ai pas de batelier et je ne ramerai pas
Je cherche de nouveaux chemins où marcher
Tu as empêché les branches où ils se posaient
De la gelée blanche aux perles les sources se sont asséchées

Il y a un fleuve qui court vers la mer
Et il y a un présage de mort

Et les toiles d’araignées qui vitrifient les fenêtres
attendent comme un bateau qui leur ressemble
Je n’ai pas de batelier et je ne ramerai pas
Je cherche de nouveaux chemins où marcher

C’est la prononciation du Nord
Il y a un fleuve qui court vers la mer


A lire aussi

×